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Sarah Haider: Islam and the Necessity of Liberal Critique (AHA Conference 2015)

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    74e Conférence annuelle de
    l'Association humaniste américaine
  • 0:02 - 0:04
    Sarah Haider :
    l'Islam et la nécessité d'une critique progressiste
  • 0:04 - 0:07
    Bonjour à tous et bienvenus.
    Le prochain exposé s'intitule :
  • 0:07 - 0:10
    « l'Islam et la nécessité
    d'une critique libérale »
  • 0:11 - 0:15
    J'aimerais accueillir Sarah Haider,
    cofondatrice de
  • 0:15 - 0:18
    l'association des ex-musulmans
    d'Amérique du nord.
  • 0:18 - 0:20
    Veuillez souhaiter avec moi
    la bienvenue à Sarah.
  • 0:20 - 0:26
    (applaudissements)
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    Bonjour à tous.
  • 0:32 - 0:38
    Je m'appelle Sarah. Pendant les deux
    années écoulées, j'ai travaillé à
  • 0:38 - 0:40
    la création d'une association pour
    les ex-musulmans non-théistes,
  • 0:40 - 0:44
    ceux qui autrefois se sont identifiés à
    l'Islam et qui aujourd'hui
  • 0:44 - 0:47
    se qualifient d'athées, d'agnostiques
    ou de déistes ;
  • 0:48 - 0:51
    et l'association se nomme :
    « Les ex-musulmans d'Amérique du nord ».
  • 0:51 - 0:55
    C'est une association relativement jeune
    mais qui se développe rapidement
  • 0:55 - 0:57
    et nous trouvons des communautés
    d'ex-musulmans
  • 0:57 - 0:59
    dans plus de cinquante villes.
  • 1:00 - 1:04
    Comme vous vous en doutez, il est
    particulièrement difficile pour
  • 1:04 - 1:05
    les ex-musulmans, de rencontrer
    d'autres anciens musulmans.
  • 1:05 - 1:08
    Essayer de construire une relation d'amitié
    avec des gens qui sont souvent
  • 1:08 - 1:10
    très tourmentés et qui
    se sentent coupables
  • 1:10 - 1:13
    est extrêmement difficile.
  • 1:13 - 1:17
    Tout d'abord, comment rencontrer
    des personnes qui souvent
  • 1:17 - 1:19
    font leur possible pour
    ne pas être découvertes ?
  • 1:19 - 1:23
    L'association s'efforce d'apporter de
    l'aide à ceux qui en ont le plus besoin,
  • 1:23 - 1:26
    pour qu'il parviennent à se libérer
    des entraves de la religion,
  • 1:26 - 1:27
    pour qu'ils redeviennent eux-mêmes,
  • 1:27 - 1:29
    pour qu'ils partagent avec d'autres
    leurs expériences douloureuses
  • 1:29 - 1:31
    et par dessus tout, pour qu'ils
    surmontent la situation.
  • 1:33 - 1:36
    Mes compagnons et moi-même
    sommes dans une situation inédite :
  • 1:36 - 1:40
    nous sommes en relation étroite avec un
    nombre d'anciens musulmans détachés de Dieu
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    d'une importance probablement
    sans égale dans le monde.
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    J'ai entendu des milliers d'histoires
    racontées par des centaines de personnes,
  • 1:46 - 1:48
    et qui parlaient de
    leur expérience de l'Islam.
  • 1:49 - 1:52
    Peu nombreux sont ceux qui ont pu
    abandonner la foi sans conséquences graves.
  • 1:52 - 1:57
    Leurs relations avec leur famille,
    leurs amis ou leurs communautés
  • 1:57 - 1:58
    sont restées intactes.
  • 1:58 - 2:00
    Mais pour la plupart,
    ce ne fut pas le cas.
  • 2:01 - 2:03
    Au cours de nos déplacements,
    nous avons constaté des tensions extrêmes.
  • 2:03 - 2:06
    Pour certains, le prix à payer
    était social :
  • 2:06 - 2:09
    la perte de leur famille
    ou de leurs relations.
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    D'autres ont risqué d'y laisser
    leur santé, physique et mentale,
  • 2:12 - 2:14
    soit parce qu'ils ont été enfermés
    dans des établissements psychiatriques,
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    soit parce qu'ils ont subi
    des violences physiques
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    de la part de tous
    les membres de leur famille.
  • 2:19 - 2:22
    Les anciens musulmans, sans doute
    plus qu'aucune autre catégorie,
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    sont intimement familiers des problèmes
    ancrés dans la communauté musulmane
  • 2:26 - 2:28
    qui sont inhérents aux
    prescriptions de l'islam.
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    Comme nous sommes pour la plupart,
    à la fois des gens de couleur
  • 2:32 - 2:35
    et des immigrés de la première
    ou de la deuxième génération,
  • 2:35 - 2:37
    nous sommes doublement touchés :
  • 2:37 - 2:39
    d'abord par la haine et la violence
    des musulmans,
  • 2:39 - 2:42
    mais aussi plus généralement par
    le fanatisme et la xénophobie
  • 2:42 - 2:45
    de la population américaine.
  • 2:45 - 2:48
    Malgré tout ça, mon expérience
    des deux années écoulées
  • 2:48 - 2:50
    m'a rendue méfiante lorsqu'il s'agit
    de m'adresser à un public,
  • 2:50 - 2:53
    même à un public comme celui-ci.
  • 2:53 - 2:57
    Je ne me suis jamais attendu à être
    bien reçue par une assemblée musulmane,
  • 2:57 - 3:00
    mais je n'aurais jamais imaginé
    subir une hostilité similaire
  • 3:00 - 3:02
    de la part de mes alliés de gauche.
  • 3:03 - 3:05
    Par exemple, j'ai d'abord rédigé article
    qui mettait à l'épreuve des faits
  • 3:05 - 3:09
    les affirmations de Reza Aslan,
    un universitaire musulman reconnu.
  • 3:10 - 3:12
    Il renvoie la question
    des mutilations génitales féminines
  • 3:12 - 3:13
    à un problème africain uniquement :
    cela ne concerne pas les musulmans.
  • 3:16 - 3:19
    Beaucoup de gens m'ont répondu,
    scandalisés par mes écrits.
  • 3:20 - 3:22
    La plupart voulaient connaître
    mes intentions
  • 3:22 - 3:25
    au lieu de discuter mes affirmations.
  • 3:25 - 3:28
    À ma grande surprise, la majorité des
    critiques ne venaient pas de musulmans,
  • 3:28 - 3:32
    mais de gens se disant sociaux-démocrates
    et parfois même athées.
  • 3:32 - 3:38
    Certains me prêtaient de sombres
    « arrière-pensées » et d'autres affirmaient
  • 3:39 - 3:42
    qu'en tant qu'ancienne musulmane,
    je ne pouvais pas être objective.
  • 3:43 - 3:45
    Rappelez-vous que c'était
    une vérification des faits.
  • 3:45 - 3:49
    Il me semble qu'il aurait été facile
    des vérifier mes affirmations.
  • 3:49 - 3:51
    Une vérification de la vérification,
    pour ainsi dire.
  • 3:52 - 3:56
    Au lieu de ça, les musulmans et les gens
    de gauche ont préféré
  • 3:56 - 4:00
    jeter le discrédit sur ma personne
    et mes intentions.
  • 4:01 - 4:03
    Ceux qui dénoncent l'autoritarisme
    du christianisme,
  • 4:03 - 4:08
    trouverons des sociaux-démocrates,
    religieux ou non, à leurs côtés
  • 4:08 - 4:10
    pour les aider dans le combat
    pour exclure la morale religieuse
  • 4:10 - 4:14
    de la politique et de l'organisation
    de la vie publique
  • 4:14 - 4:17
    Même les sociaux-démocrates religieux
    regardent parfois avec dégoût
  • 4:17 - 4:20
    la présence en politique
    de la droite religieuse,
  • 4:20 - 4:24
    et certains s'associent à des laïcs
    pour les éloigner de la politique.
  • 4:24 - 4:26
    Par exemple, le dirigeant
    de l'union des Américains
  • 4:26 - 4:28
    pour la séparation de l'Église
    et de l'État
  • 4:28 - 4:29
    est un pasteur.
  • 4:30 - 4:33
    Les athées et les laïcs
    peuvent être sûrs
  • 4:33 - 4:36
    de trouver à leurs côtés leurs alliés
    de la gauche sociale-démocrate
  • 4:36 - 4:39
    lorsqu'il faut combattre
    les chrétiens d'extrême droite.
  • 4:40 - 4:43
    C'est logique : les sociaux-démocrates
    partagent peu
  • 4:43 - 4:44
    les valeurs de
    la droite religieuse.
  • 4:44 - 4:47
    Mais si on rapporte cet examen à l'Islam,
  • 4:47 - 4:52
    certaines personnes de gauche vont
    inexplicablement s'aligner plutôt
  • 4:52 - 4:54
    sur les position de la
    droite religieuse islamique.
  • 4:55 - 4:57
    Les communautés laïque et athée
    forment une exception cohérente.
  • 5:00 - 5:03
    Lorsque des icônes
    du mouvement des incroyants
  • 5:03 - 5:06
    tels que Harris et Dawkins
  • 5:06 - 5:08
    parlent des horreurs de la chrétienté
  • 5:08 - 5:11
    et écrivent des livres qui la condamnent,
    on les félicite,
  • 5:11 - 5:15
    leurs travaux sont célébrés et
    on les invite à des conférences.
  • 5:15 - 5:17
    Mais s'ils portent
    le même regard critique
  • 5:17 - 5:19
    sur la religion de ma famille,
  • 5:19 - 5:21
    on leur dit d'arrêter
    ce discours agressif,
  • 5:21 - 5:25
    de s'abstenir de toute critique
    envers la même forme d'opression
  • 5:25 - 5:26
    qu'ils avaient critiquée
    par le passé.
  • 5:27 - 5:30
    On ostracise instinctivement
    tous ceux qui
  • 5:30 - 5:33
    font des remarques négatives sur l'Islam.
    On les étiquette de telle manière
  • 5:33 - 5:35
    qu'il est presque sûr que
    la plupart des gens de gauche
  • 5:35 - 5:37
    ne sauront jamais
    ce qu'ils avaient à dire.
  • 5:38 - 5:42
    Pour dénigrer mes affirmations,
    les gens ont d'abord procédé comme ceci :
  • 5:42 - 5:45
    – puisque avec ma peau marron, on peut
    facilement me soupçonner de fanatisme –
  • 5:45 - 5:48
    je dois être pour la guerre,
  • 5:48 - 5:52
    ou plus largement, je dois partager
    certaines idées de l'extrême droite.
  • 5:52 - 5:53
    Ceci n'est pas vrai.
  • 5:54 - 5:58
    Parfois on me traite d'« Oncle Tom »
    ou d'« Arabe de service ».
  • 5:59 - 6:01
    Une autre expression pour mépriser
    les ex-musulmans,
  • 6:01 - 6:03
    et les autres critiques de l'Islam
    à la peau marron
  • 6:03 - 6:06
    est : « informateur indigène. »
  • 6:06 - 6:07
    Je voyais cette expression
    pour la première fois.
  • 6:08 - 6:09
    Je ne détaillerai pas ici les raisons
    pour lesquelles
  • 6:09 - 6:12
    je trouve particulièrement répugnante
    cette forme de dénomination
  • 6:12 - 6:15
    qui laisse à penser que nous avons subi
    un lavage de cerveau
  • 6:15 - 6:18
    ou que nous trahissons les nôtres.
  • 6:19 - 6:23
    S'il est compréhensible que
    Myriam François,
  • 6:23 - 6:28
    une blanche convertie à l'islam, nous
    appelle des « informateurs indigènes, »
  • 6:28 - 6:33
    je ne m'explique pas comment une
    expression aussi ouvertement raciste
  • 6:33 - 6:35
    a pu être utilisée par
    le journaliste Max Blumenthal
  • 6:35 - 6:37
    dans un article à charge contre
    Ayaan Hirsi Ali,
  • 6:37 - 6:40
    pour discréditer sa présence
    dans ce débat.
  • 6:41 - 6:43
    Je me demande si Blumenthal
    se sentirait autorisé
  • 6:43 - 6:46
    à utiliser cette expression raciste contre
    contre des opposants au clergé
  • 6:46 - 6:49
    afro-américains ou contre
    n'importe quelle autre minorité.
  • 6:50 - 6:52
    Bill Maher est décrit,
  • 6:52 - 6:54
    à la fois par la gauche et par la droite,
    comme un fanatique.
  • 6:55 - 6:58
    Bill Maher a évoqué dans son émission
    le fort taux de soutien
  • 6:58 - 7:01
    à la peine de mort pour les athées
    dans la communauté musulmane.
  • 7:02 - 7:04
    En réponse, Dean Obeidallah,
  • 7:04 - 7:07
    qui est un humoriste, un auteur et
    un musulman progressiste,
  • 7:08 - 7:12
    a défendu les pays musulmans
    en montrant les erreurs
  • 7:12 - 7:14
    contenues dans les statistiques
    qu'utilisait Maher.
  • 7:14 - 7:16
    Voici ce qu'il a dit
    sur CNN,
  • 7:17 - 7:21
    je cite : « un sondage PEW de 2013
    a montré que
  • 7:21 - 7:25
    64 % seulement des Égyptiens
    approuvent cela, »
  • 7:25 - 7:28
    – cela faisait référence à la peine
    de mort pour les athées –
  • 7:28 - 7:31
    « cela reste dangereusement élevé,
    mais ça n'est pas 90 %,
  • 7:31 - 7:36
    et 13 nations musulmanes seulement
    punissent l'apostasie,
  • 7:36 - 7:39
    alors que 34 nations ne le font pas. »
  • 7:39 - 7:42
    Pensez-vous raisonnablement qu'on
    dirait de genre de choses
  • 7:42 - 7:46
    si une autre minorité était concernée,
  • 7:46 - 7:49
    en essayant clairement d'en
    minimiser l'horreur ?
  • 7:49 - 7:50
    Qu'en serait-il si :
  • 7:50 - 7:52
    « 64 % seulement des Américains,
  • 7:52 - 7:54
    approuvent la peine de mort pour
    les convertis à l'islam ? »
  • 7:55 - 7:57
    – les musulmans ont de l'humour –
  • 7:57 - 7:59
    « 64 % seulement des citoyens français
  • 7:59 - 8:02
    approuvent la peine de morts
    pour les immigrés algériens »
  • 8:02 - 8:04
    ou bien : « 64 % seulement des Américains
  • 8:04 - 8:07
    approuvent la peine de mort
    pour les homosexuels. »
  • 8:07 - 8:08
    À quel point la situation
    est-elle mauvaise ?
  • 8:08 - 8:11
    À quel point les droits humains
    sont-ils bafoués ?
  • 8:11 - 8:14
    Et que vaut la vie d'un être humain
  • 8:14 - 8:19
    lorsque 64 % est présenté
    comme un chiffre rassurant ?
  • 8:21 - 8:23
    Si par exemple un bon tiers des pays
    occidentaux avait
  • 8:23 - 8:26
    légalisé le meurtre des musulmans,
    à quel point serions nous horrifiés ?
  • 8:27 - 8:29
    Quelle serait la réaction de la gauche ?
  • 8:29 - 8:33
    En tant qu'ex-musulmane, je trouve
    terrifiant qu'on ait diffusé ça,
  • 8:33 - 8:35
    sur le site d'un média
    d'actualités majeur,
  • 8:35 - 8:38
    et sans qu'une seule voix
    ne s'élève pour protester.
  • 8:39 - 8:41
    Pourquoi ma vie vaut-elle moins ?
  • 8:41 - 8:44
    Le simple fait que j'ai été élevée
    dans la tradition islamique
  • 8:44 - 8:49
    donne-t-il aux religieux islamiques des
    droits sur ma personne et sur mon corps ?
  • 8:49 - 8:52
    Est-ce une autorisation de me tuer,
    ou de tuer mes compagnons athées ?
  • 8:53 - 8:57
    L'argument de cette satire,
    est que Maher serait
  • 8:59 - 9:02
    vraiment trop timoré face aux persécutions
    des musulmans contre les athées.
  • 9:04 - 9:07
    Mon but n'est pas de dénigrer l'auteur,
    Dean Obeidallah,
  • 9:07 - 9:10
    mais de montrer l'importance
    du problème qui se pose :
  • 9:10 - 9:11
    En essayant de défendre
    ce qu'il a perçu comme
  • 9:11 - 9:14
    une injustice faite aux musulmans,
  • 9:14 - 9:17
    il n'a même pas remarqué
    l'immoralité de ses écrits.
  • 9:18 - 9:21
    Et par conséquent aujourd'hui,
    une audience de gauche m'effraie
  • 9:22 - 9:25
    presque autant qu'une
    audience islamiste.
  • 9:25 - 9:29
    Je me suis longuement demandé
    si je devais venir parler aujourd'hui,
  • 9:29 - 9:32
    dans quelle mesure je devrais
    surveiller mes mots,
  • 9:32 - 9:34
    et quelles conséquences cela
    aurait sur mon travail.
  • 9:35 - 9:38
    Mon but n'est pas d'offenser quiconque,
    mais je suis fermement convaincue
  • 9:38 - 9:39
    qu'il faut affronter certaines questions,
    des vérités qui crèvent les yeux
  • 9:39 - 9:42
    et que personnes ne veut voir
  • 9:42 - 9:45
    à l'exception de quelques
    fanatiques d'extrême droite.
  • 9:46 - 9:48
    Je pense que nous savons tous ici
  • 9:49 - 9:52
    ce qui s'est passé le 7 janvier
    dans les locaux de Charlie Hebdo.
  • 9:52 - 9:55
    Des hommes masqués et armés ont tué
    douze personnes en criant Allahou Akbar !
  • 9:57 - 9:58
    Il s'est avéré qu'ils étaient deux frères
    de nationalité française
  • 9:58 - 10:00
    et d'origine algérienne.
  • 10:00 - 10:02
    Cela a déclenché une vague de
    protestations et une immense
  • 10:02 - 10:05
    démonstration de solidarité
    avec les dessinateurs,
  • 10:05 - 10:08
    ce qui était évidemment
    la réaction appropriée.
  • 10:08 - 10:10
    Bien sûr, jusqu'à ce que les religieux
    prennent la parole pour fénoncer
  • 10:12 - 10:15
    une « provocation » et affirmer
    qu'on avait « heurté leurs sentiments. »
  • 10:15 - 10:16
    On pouvait s'y attendre.
  • 10:16 - 10:19
    Les islamistes tiennent ce discours
    depuis des années
  • 10:19 - 10:22
    et en fait, aucune religion
    n'accepte d'être ridiculisée
  • 10:23 - 10:26
    – en supposant que le choix lui
    appartienne cela va de soi.
  • 10:28 - 10:31
    Ce qui m'a vraiment déprimée,
    c'est la réaction de mes alliés de gauche.
  • 10:31 - 10:34
    De toutes parts j'ai entendu dire
    que d'une certaine manière,
  • 10:34 - 10:38
    Charlie Hebdo était un journal raciste et
    même si, « attention n'en doutons pas »,
  • 10:38 - 10:41
    le meurtre est une abomination
    est doit toujours être puni,
  • 10:41 - 10:43
    on peut « comprendre » que
    quelque part les tireurs
  • 10:43 - 10:46
    aient pu prendre les dessins
    pour une provocation.
  • 10:46 - 10:49
    Je ne sais pas pour vous, mais moi
    je ne voudrais pas rencontrer
  • 10:49 - 10:52
    un homme qui « comprend » qu'on puisse
    se sentir obligé de tuer un autre homme
  • 10:52 - 10:59
    parce qu'on a pas aimé son dessin.
  • 10:59 - 11:02
    (applaudissements)
  • 11:02 - 11:05
    Il faut bien comprendre que
    la raillerie et la critique
  • 11:06 - 11:09
    sont la même chose
    pour la majorité des croyants.
  • 11:10 - 11:13
    Il n'existe pas une proportion acceptable
    de critiques justes et bienveillantes,
  • 11:13 - 11:14
    qui soit admise par
    les religieux convaincus
  • 11:15 - 11:16
    lorsque ceux-ci ont
    le pouvoir de les faire taire.
  • 11:16 - 11:19
    C'est ce que montre la censure
    liée au dogme de l'hérésie
  • 11:20 - 11:22
    dans l'histoire des
    États théocratiques.
  • 11:23 - 11:26
    Il se joue un surprenant
    double jeu.
  • 11:26 - 11:27
    Alors que des membres du clergé
    et des militants musulmans,
  • 11:27 - 11:30
    connus pour être des antisémites
    et des homophobes
  • 11:30 - 11:33
    sont bienvenus dans les universités,
  • 11:33 - 11:36
    parcourent le pays et sont invités
    à donner des conférences
  • 11:36 - 11:39
    par des associations
    d'étudiants musulmans,
  • 11:39 - 11:42
    des féministes telles que
    Asra Nomani, qui se bat pour
  • 11:42 - 11:45
    l'égalité des sexes et pour
    l'ordination des femmes,
  • 11:45 - 11:48
    sont traitées de fanatiques
  • 11:48 - 11:50
    par les mêmes associations
    d'étudiants musulmans,
  • 11:50 - 11:53
    et la direction des universités
    comme celles de Duke
  • 11:53 - 11:54
    cèdent à ces tentatives scandaleuses
    de la bâillonner.
  • 11:56 - 11:59
    On retrouve les mêmes schémas
    partout dans le monde occidental.
  • 11:59 - 12:00
    Maryam Namazie, qui est une
    ex-musulmane militante,
  • 12:01 - 12:04
    a vu son intervention
    à Trinity annulée,
  • 12:04 - 12:07
    pareil pour Ayaan Hirsi Ali à Brandeis.
  • 12:07 - 12:10
    L'Union des étudiants britanniques
    est aujourd'hui largement alliée à
  • 12:10 - 12:13
    des associations islamistes
    telles que CAGE.
  • 12:14 - 12:17
    Je cite un article de Nick Cohen
    paru dans le Guardian :
  • 12:18 - 12:19
    « Les dirigeants des universités
    ne valent pas mieux
  • 12:19 - 12:21
    que leurs étudiants chasseurs
    d'hérétiques.
  • 12:21 - 12:25
    Ils prétendent s'opposer
    à l'islamisme radical.
  • 12:26 - 12:29
    La Société des juristes laïcs les a
    pris au mot.
  • 12:29 - 12:33
    Elle a essayé de présenter à l'Université
    West London une enquête
  • 12:33 - 12:36
    sur les collectifs islamistes
    qui envahissent les campus
  • 12:36 - 12:38
    malgré les témoignages
    sur leur éloge
  • 12:38 - 12:41
    de la haine des Juifs, de l'homophobie
    et de la mysoginie.
  • 12:41 - 12:44
    La direction de l'Université
    a exclu les laïcs. »
  • 12:46 - 12:49
    Soyons clairs. Je ne pense pas
    que quiconque,
  • 12:49 - 12:50
    y compris les fanatiques venant de
    communautés musulmanes
  • 12:50 - 12:52
    ou de n'importe où ailleurs
  • 12:52 - 12:54
    doive être réduit au silence.
  • 12:54 - 12:57
    Ce que je demande, c'est la liberté
    d'expression pour tout le monde,
  • 12:57 - 13:00
    aussi bien pour ceux qui
    sont à nos côtés
  • 13:01 - 13:04
    que pour ceux qui réclament la mort
    de nos camarades non croyants.
  • 13:04 - 13:07
    Notre société fonctionne parce que
    nous savons que « heurter les sentiments »
  • 13:07 - 13:10
    n'a pas vraiment de sens pour
    notre système judiciaire.
  • 13:10 - 13:14
    Alors bien sûr, on dit qu'il s'agit
    d'un cas particulier,
  • 13:14 - 13:17
    parce que ce ne sont pas simplement
    les sentiments personnels qu'on a blessés,
  • 13:17 - 13:20
    ce sont des sentiments religieux,
    et pas ceux d'une religion quelconque.
  • 13:20 - 13:23
    C'est la religion des opprimés,
    des gens à la peau marron.
  • 13:24 - 13:27
    La gauche a décidé depuis longtemps
    que heurter les sentiments des chrétiens
  • 13:27 - 13:30
    n'était pas anodin
    et qu'il était essentiel
  • 13:30 - 13:33
    de revenir de cette idée selon laquelle
    la chrétienté ressortirait
  • 13:33 - 13:36
    toujours indemne de la critique
    et même de la raillerie effrontée.
  • 13:36 - 13:40
    Certes parmi nos plus grands penseurs,
    certains se sont délectés de cet exercice.
  • 13:42 - 13:45
    Je voudrais citer Thomas Paine
    dans son livre le Siècle de la raison :
  • 13:47 - 13:50
    « Si nous lisons les histoires obscènes,
    la débauche voluptueuse,
  • 13:51 - 13:54
    les exécutions cruelles, la torture,
    et la vindicte implacable
  • 13:55 - 13:57
    qui remplissent plus de la moitié
    des pages de la Bible,
  • 13:57 - 14:00
    il serait plus cohérent
    d'appeler ça
  • 14:00 - 14:01
    l'œuvre du Démon
    plutôt que l'œuvre de Dieu
  • 14:01 - 14:03
    C'est une histoire de méchanceté,
  • 14:03 - 14:06
    qui a été utilisée pour
    pervertir et maltraiter l'humanité ;
  • 14:06 - 14:11
    et pour ma part, je la déteste, comme
    je déteste tout ce qui est cruel. »
  • 14:12 - 14:15
    Si Paine avait été assassiné pour
    son mépris affiché de la Chrétienté,
  • 14:17 - 14:20
    je me demande à quoi ressemblerait
    l'Occident aujourd'hui.
  • 14:20 - 14:23
    Quel message aurait fait passer
    un acte aussi effroyable ?
  • 14:24 - 14:25
    Combien de gens auraient été
    réduits au silence
  • 14:25 - 14:28
    par la promesse d'une effusion de sang
  • 14:28 - 14:31
    pour ceux qui auraient eu l'audace
    de reproduire ce crime ?
  • 14:33 - 14:36
    Cela aurait-il fait taire ceux qui ont
    revendiqué la liberté d'expression ?
  • 14:38 - 14:40
    Quel serait le visage
    de notre nation ?
  • 14:41 - 14:44
    Vous conviendrez avec moi
    du fait que non seulement
  • 14:44 - 14:46
    il n'a pas été assassiné,
    mais ses contemporains
  • 14:46 - 14:49
    qui se moquaient de la religion
    ne l'ont pas été non plus,
  • 14:49 - 14:54
    et même en revenant trois siècles
    en arrière, je ne crois pas qu'il
  • 14:54 - 14:57
    envisageait l'idée qu'écrire
    puisse lui être fatal.
  • 14:57 - 14:59
    Et pourtant, au vingt-et-unième siècle,
  • 14:59 - 15:02
    c'est la réalité de ceux qui se prononcent
    contre l'Islam dans les pays musulmans
  • 15:03 - 15:05
    et de plus en plus dans
    les pays occidentaux.
  • 15:06 - 15:09
    Il n'est pas rare dans les différents médias,
    d'entendre des commentateurs
  • 15:09 - 15:13
    affirmer que les victimes de Charlie Hebdo
    avaient quelque part,
  • 15:14 - 15:15
    au travers de leurs dessins agressifs,
    incité les autres à leur ôter la vie.
  • 15:17 - 15:22
    On a le sentiment qu'à un certain niveau,
  • 15:22 - 15:25
    les dessinateurs doivent être tenus pour
    responsables de leur propre meurtre,
  • 15:25 - 15:28
    même si que des dizaines de
    dessinateurs des pays orientaux
  • 15:28 - 15:31
    ont publié des dessins pour soutenir
    leurs homologues à l'Ouest,
  • 15:31 - 15:33
    et risqué leur vie pour
    la liberté d'expression.
  • 15:35 - 15:38
    Il y a deux mois, PEN, une association
    qui se bat pour la liberté d'expression
  • 15:38 - 15:41
    depuis près d'un siècle, a annoncé
    sa décision de rendre hommage
  • 15:41 - 15:44
    à Charlie Hebdo, en lui décernant
  • 15:44 - 15:46
    le prix Courage et liberté d'expression.
  • 15:47 - 15:50
    Cependant parmi les membres de PEN,
  • 15:50 - 15:52
    certains ont refusé de soutenir
    Charlie Hebdo,
  • 15:54 - 15:57
    initialement six meneurs, puis
    finalement 204 écrivains.
  • 15:58 - 16:00
    Je rappelle à tout le monde
    qu'on a déjà vu ça.
  • 16:01 - 16:04
    Lorsque Salman Rushdie fut victime
    d'une fatwa appelant à sa mort,
  • 16:04 - 16:09
    PEN Amérique, sous l'administration
    de Susan Sontag, l'a soutenu,
  • 16:09 - 16:12
    malgré un pourcentage important de
    l'élite intellectuelle qui l'a rejeté
  • 16:13 - 16:16
    – des personnalités telles que
    l’archevêque de Canterbury
  • 16:16 - 16:19
    ou plusieurs membres du
    parlement britannique,
  • 16:19 - 16:25
    dont un a condamné Rushdie
    en ces termes, je le cite :
  • 16:25 - 16:28
    « un malfaisant exceptionnel [...]
    dont la vie est une suite de
  • 16:30 - 16:31
    trahisons méprisables,
  • 16:31 - 16:34
    de son éducation, de sa religion,
    de son pays adoptif et de sa nationalité. »
  • 16:34 - 16:37
    De même que certains dessinateurs
    orientaux ont soutenu Charlie Hebdo,
  • 16:37 - 16:40
    des écrivains iraniens du monde musulman
    se sont opposés et ont défendu Rushdie,
  • 16:41 - 16:44
    et parmi eux, certains ont été
    agressés par ultérieurement.
  • 16:45 - 16:48
    À la lumière de l'attaque récente
    de Garland au Texas,
  • 16:48 - 16:49
    j'aimerais partager les termes
    prophétiques de Norman Mailer,
  • 16:51 - 16:54
    qui remontent à plus de
    deux décennies :
  • 16:54 - 16:57
    « Après cette semaine tumultueuse, nous
    pouvons envisager un avenir inquiétant,
  • 16:57 - 16:59
    lorsque les groupes fondamentalistes
    en Amérique,
  • 17:00 - 17:01
    inspirés par cet événement international,
  • 17:03 - 17:05
    sauront employer les mêmes méthodes
  • 17:05 - 17:08
    contre des librairies et
    des écrivains américains.
  • 17:08 - 17:11
    S'ils y parviennent, ce sera grâce au fait
    que nous n'avons jamais opposé
  • 17:13 - 17:16
    une résistance claire à la terreur
    contre Salman Rushdie. »
  • 17:16 - 17:20
    Là ou en 1989 et 2005, les auteurs et
    les dessinateurs pouvaient envisager
  • 17:20 - 17:23
    une vague riposte,
  • 17:23 - 17:26
    aujourd'hui cela s'est métastasé
    en une menace omniprésente,
  • 17:27 - 17:30
    comme une horloge, la violence
    s'intensifie et se répète.
  • 17:31 - 17:33
    Au cours de la décennie actuelle,
    les réactions de lacheté
  • 17:34 - 17:37
    se sont aussi répétées inlassablement,
    encourageant à chaque fois
  • 17:38 - 17:40
    ceux qui veulent étouffer
    la liberté d'expression.
  • 17:41 - 17:44
    La fatwa contre Rushdie fut la première
    bataille et nous avons capitulé.
  • 17:44 - 17:48
    Aujourd'hui nous continuons à payer le prix
    de cette stratégie de l'apaisement.
  • 17:49 - 17:52
    Pourquoi est-il si compliqué pour
    beaucoup à gauche de critiquer l'Islam ?
  • 17:54 - 17:56
    Pourquoi sont-ils si méfiants ?
  • 17:57 - 18:00
    Je pense que la première raison est que
    beaucoup sont incapables de séparer
  • 18:01 - 18:04
    la critique d'un concept,
    de la haine envers une population.
  • 18:04 - 18:07
    Ils appellent immédiatement la première
    proposition du racisme.
  • 18:07 - 18:10
    « Ce concept ne survivra pas, » comme
    s'il n'y avait pas de raison valable de
  • 18:10 - 18:13
    remettre en question une idéologie
    enracinée dans les normes patriarcales
  • 18:13 - 18:15
    du dix-septième siècle
    – sauf peut-être la haine
  • 18:17 - 18:19
    les personnes réelles emprisonnées
    par cette idéologie.
  • 18:22 - 18:25
    Certains emploient le terme
    islamophobie pour signifier
  • 18:25 - 18:28
    à la fois la critique des personnes
    et la critique de la religion
  • 18:29 - 18:30
    Beaucoup de musulmans l'emploient ,
  • 18:30 - 18:33
    C'est très utile pour empêcher
    les autres de critiquer leur religion.
  • 18:33 - 18:36
    Mais beaucoup d'occidentaux
    utilisent aussi ce mot,
  • 18:36 - 18:39
    parce qu'ils ne mesurent pas vraiment
    à quel point il peut être nuisible
  • 18:39 - 18:42
    Islamophobie est un mot
    qui n'a pas de sens.
  • 18:43 - 18:46
    Il sert à mélanger et à confondre deux
    formes d'intolérance très différentes,
  • 18:47 - 18:49
    qui ont chacune une origine
    très différente
  • 18:49 - 18:52
    et pour lesquelles il faut deux
    réponses très différentes.
  • 18:53 - 18:55
    Parfois on affirme que
    la critique des religions
  • 18:55 - 18:58
    est la critique de l'identité
    des croyants,
  • 18:58 - 18:59
    et par là même du fanatisme.
  • 19:00 - 19:03
    Il se trouve que l'identité d'un croyant
    repose sur une idéologie,
  • 19:03 - 19:05
    alors si vous critiquez son idéologie,
  • 19:05 - 19:08
    vous générez forcément de
    la haine contre cette personne.
  • 19:08 - 19:10
    Mais je me demande
    ce qui se produirait
  • 19:10 - 19:13
    si on appliquait universellement
    ce type de raisonnement.
  • 19:13 - 19:17
    Qu'en serait-il si les adeptes du New Age
    décidaient que la critique de l'éveil spirituel
  • 19:17 - 19:20
    est une forme de haine à l'encontre
    de ceux qui s'y identifient ?
  • 19:20 - 19:23
    Qu'en serait-il si les hindous décidaient
    que la critique du système de castes
  • 19:23 - 19:26
    est une forme de racisme aggravé
    contre la population hindoue ?
  • 19:27 - 19:30


    0:19:31.143,0:19:32.571
  • 19:33 - 19:35


    0:19:35.236,0:19:38.524
  • 19:39 - 19:40


    0:19:41.122,0:19:43.810
  • 19:44 - 19:47


    0:19:47.391,0:19:52.400
  • 19:53 - 19:57


    0:19:56.913,0:20:00.657
  • 20:01 - 20:04


    0:20:03.804,0:20:07.497
  • 20:07 - 20:11


    0:20:10.644,0:20:12.135
  • 20:12 - 20:15

Title:
Sarah Haider: Islam and the Necessity of Liberal Critique (AHA Conference 2015)
Description:

Presented at the American Humanist Association 74th Annual Conference, May 7-10, 2015, in Denver, Colorado. #ahacon15

Reformists in Muslim countries are routinely silenced, through persecution or violence, which has been increasing over the last few decades as Islamism gains traction. Liberals are in a unique position to make a nuanced and compassionate critique of harmful conceptions of religion- a position which we are ceding. As a result, the only visible voices are those of hate-mongers from the far-right, Islamists and outright apologists. It is of the highest priority that liberals exert pressure on both groups towards positive change.

Sarah Haider is a co-founder of Ex-Muslims of North America, a community building organization for Ex-Muslims across the non-theist spectrum, for which she currently works to reduce discrimination of those who left Islam.

The English captions are based on Arun's transcript in http://arunsmusings.blogspot.ch/2015/05/sarah-haider-transcript.html .

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English
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